LE NIGER, UNE ÉTAPE INCONTOURNABLE DE LA RENAISSANCE AFRICAINE

    Du 28 au 31 octobre 2017, le Secrétaire général fédéral de la Ligue Panafricaine – UMOJA, Amzat Boukari-Yabara, et le coordonateur local de la LP – UMOJA au Niger, Maman Djibriki Abdoul Razak, ont animé plusieurs manifestations publiques à Niamey autour des enjeux militaires, monétaires et politiques du Niger et de l’Afrique. Elles ont permis d’indiquer

    Du 28 au 31 octobre 2017, le Secrétaire général fédéral de la Ligue Panafricaine – UMOJA, Amzat Boukari-Yabara, et le coordonateur local de la LP – UMOJA au Niger, Maman Djibriki Abdoul Razak, ont animé plusieurs manifestations publiques à Niamey autour des enjeux militaires, monétaires et politiques du Niger et de l’Afrique. Elles ont permis d’indiquer les éléments et solutions sur lesquels les organisations et les personnes qui souhaitent rejoindre ou travailler avec la LP – UMOJA au Niger sont cordialement invitées à donner leur analyse.

    Sur la souveraineté militaire, la mort de quatre soldats des forces spéciales américaines et de cinq soldats nigériens dans une embuscade près de Tongo Tongo le 4 octobre dernier a illustré de manière tragique la remilitarisation de l’Afrique par les Américains. Ces derniers servent en réalité de parapluie à leurs valets français et allemands également implantés militairement dans le Sahel dans le cadre de la guerre contre les forces djihadistes.

    Depuis leur défaite retentissante en Somalie en octobre 1993, les Etats-Unis d’Amérique ont lancé la stratégie de « l’empreinte légère » (light footprint) afin de rendre invisible leur présence militaire sur le continent africain. Cela passe par des interventions menées sous couvert de l’OTAN et de l’AFRICOM dans le cas de la guerre illégale d’agression contre la Libye de Kadhafi, par la formation des armées africaines dans le cadre de vastes opérations d’entraînements comme Flintlock qui ont précédé et même provoqué la déstabilisation du Nord-Mali, ou l’ouverture de bases secrètes dans le but de préserver les intérêts stratégiques occidentaux sur le continent ou dans les eaux territoriales africaines face aux avancées de la Chine.

    Après la Somalie et la Libye, le Niger est devenu, au lendemain de l’attaque de Tongo Tongo, le troisième pays africain à autoriser le déploiement de « drones tueurs », ces objets volants armés qui constituent la forme militaire la plus aboutie de « l’empreinte légère » américaine et qui exercent une menace quotidienne pour les victimes collatérales civiles. Après avoir encaissé le choc de la déstabilisation de la Libye, le Niger est donc devenu le centre névralgique de la logistique impérialiste militaire au Sahel, sans que cela ne rapporte au peuple nigérien la moindre dividende en matière de sécurité ou de développement.

    La Ligue Panafricaine – UMOJA a expliqué de manière circonstanciée et à de multiples reprises ce processus de remilitarisation en rappelant la nécessité d’aller vers une armée continentale politiquement contrôlée par un Etat fédéral, et de former des hommes et des femmes capables, par la maîtrise scientifique et technologique, de créer les systèmes de défense adaptés pour généraliser le déni d’accès aux ressources minières et énergétiques convoitées par les forces anti-africaines.

    Sur la souveraineté monétaire, la réunion de cinq présidents à Niamey le 24 octobre 2017 a relancé le projet de la monnaie unique de la CEDEAO. La présence d’Alassane Ouattara, qui ne cesse de répéter que « le franc CFA est une bonne monnaie », ainsi que de Faure Gnassingbé qui préside la CEDEAO tout en réprimant le peuple togolais, enlève toute crédibilité politique à un projet d’intégration économique et monétaire qui dort depuis trente ans. Comme l’a rappelé le Professeur Nicolas Agbohou lors des dernières Universités de la Ligue Panafricaine – UMOJA le 11 novembre dernier à Grenoble, le nombre de critères de convergence est d’ailleurs suffisamment élevé pour ne jamais permettre aux pays concernés de les remplir en intégralité.

    Sans entrer dans les perspectives nées de l’adhésion du Maroc à la CEDEAO, cette monnaie unique de la CEDEAO, à la supposer créée dans les conditions actuelles, serait en réalité une extension du franc CFA à la Guinée-Conakry ainsi qu’aux pays non-françafricains de la Gambie, Guinée-Bissau, Sierra Leone, Ghana et Nigéria. Présent à Niamey avec son homologue ghanéen, le président nigérian Buhari a fait part de son scepticisme sur un projet monétaire qui ne prévoit nullement l’abandon du franc CFA. Le Nigéria qui pèse économiquement et démographiquement dix fois plus que la Côte d’Ivoire n’a aucun intérêt à suivre les pays françafricains dans une nouvelle escroquerie monétaire, mais Abuja doit assumer son leadership politique en Afrique de l’Ouest.

    Sur le principe politique même de la souveraineté, la Ligue Panafricaine – UMOJA conteste l’idée selon laquelle la démographie serait à l’origine de notre situation économique. Le véritable malthusianisme n’est pas dans le ventre des femmes africaines qui sont les premières à se battre pour la renaissance de l’Afrique, mais dans l’incapacité des dirigeants à donner aux populations les moyens de leur réalisation et de leurs ambitions. La Ligue Panafricaine – UMOJA s’engage en faveur d’une éducation massive de qualité afin de réaliser un projet de développement économique et socioculturel reposant sur la participation des populations.

    La Renaissance Africaine passe par le Niger, et par l’effort des structures sœurs mobilisées sur le terrain contre le néocolonialisme, en rappelant que la sortie du franc CFA sera une formalité dès lors que les forces panafricanistes exerceront le pouvoir politique émanant de la volonté populaire et non des intérêts étrangers. Ainsi, la situation socioéconomique du Niger est objectivement très en retard par rapport au potentiel d’un pays qui assure pourtant à la France le statut de « grande puissance nucléaire » mais qui n’est pas capable d’avoir sa propre autonomie énergétique.

    Ce retard est bien le résultat d’un manque de souveraineté politique et non d’une faiblesse dans le développement ou la démographie. Le Niger, comme beaucoup d’autres pays en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud, montre qu’une démocratie qui n’est pas capable de dicter sa volonté aux multinationales qui la pillent est tout sauf une démocratie, et qu’il convient de porter le débat de la souveraineté dans le champ politique sur l’ensemble du continent africain, en dépassant les frontières berlinoises.

    La manifestation publique du 30 octobre ayant été annulée à la suite d’une décision politique, de nombreux autres points tels que les questions migratoires avec l’expulsion de ressortissants subsahariens vers le Niger par l’Algérie, et plus globalement les tensions identitaires, n’ont pu être publiquement développées dans le détail. Néanmoins, les membres de la Ligue Panafricaine – UMOJA remercient les centaines de personnes qui ont suivi les activités durant cette période, ainsi que les organisations sœurs représentées.

    Enfin, la Ligue Panafricaine – UMOJA rappelle qu’elle est ouverte à l’échange, au débat interne et aux alliances, mais qu’elle n’a pas vocation à servir les intérêts personnels ou carriéristes de dirigeants politiques locaux, ou à se fondre dans d’autres organisations idéologiquement non identifiées sans avoir procédé au préalable auprès des instances habilitées à une clarification des objectifs politiques sur la base d’une compréhension commune du panafricanisme. L’unité doit se faire sur des bases rigoureuses.

     

    Fait à Niamey et Toulouse, le 17 novembre 2017

     

    Le président de la LP – UMOJA                              Le coordonateur LP – Niger – UMOJA

    Diogène Henda Senny                                                          Maman Djibriki Abdoul Razak

     

     

     

     

    Contact fédéral : Amzat Boukari-Yabara

    Email : sg@lp-umoja.com

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