A l’adresse de tous les camarades africains

  Camarade de Paris, de Province, et d’Afrique, le fascisme court à grand pas. Lorsqu’il s’abattra tu regretteras amèrement de n’avoir pas employé ce répit à travailler pour ton pays. Que tu aies baissé la tête jusque là ne sera plus suffisant pour les fascistes. Les fascistes seront volontairement sceptiques en ce qui concerne ta

 

Camarade de Paris, de Province, et d’Afrique, le fascisme court à grand pas. Lorsqu’il s’abattra tu regretteras
amèrement de n’avoir pas employé ce répit à travailler pour ton pays. Que tu aies baissé la tête jusque là ne sera plus suffisant pour les fascistes. Les fascistes seront volontairement sceptiques en ce qui concerne ta loyauté envers eux et ta profonde volonté de demeurer à jamais passif. Ils exigeront de toi des preuves irréfutables de ton indignité et de ta veulerie et la pente de ton rabaissement sera sans limite. Camarade de Paris, de Province et d’Afrique abandonne tes raisonnements fallacieux qui ne sont qu’une capitulation inconsciente devant les difficultés. Viens renforcer de ta critique lucide, de ta lutte concrète, le seul mouvement dont l’efficacité sur le plan africain a provoqué la répression féroce que tu connais. Critique-le du dedans et non du dehors, car tu serais un complice volontaire ou involontaire du Gouvernement. Pourquoi veux-tu attendre que le mouvement soit fort, que la répression cesse, et que tout redevienne normal, pourquoi subordonnes-tu ton adhésion à toutes ces conditions ? Ne vois-tu pas, que c’est une capitulation indigne de ta part, car c’est précisément au moment où tout va mal que l’on a plus
besoin de toi ■

Cheikh Anta Diop,
Vers une idéologie politique africaine

Source Panafrikan juin-août2013

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